Le projet « Guyane connectée : combler les écarts » est une aventure extraordinaire au cœur de l’Amazonie, qui vise à transformer l’accès à l’éducation dans les zones isolées de Guyane. Ce projet, lauréat du programme « Innovation dans la forme scolaire » de France 2030 et piloté par le Rectorat de Guyane, utilise la technologie pour rapprocher les élèves de leurs familles et de leur culture tout en leur offrant un enseignement de qualité équivalent au présentiel.
Plongez avec nous au cœur d’une initiative qui façonne l’avenir de l’éducation en Amazonie française. Inspiré par le magazine « Au coeur du projet Guyane connectée », cet article vous invite à découvrir une aventure humaine et technologique exceptionnelle.
« Guyane connectée, combler les écarts », ne se contente pas de construire des ponts physiques dans un territoire où les fleuves sont souvent les seules voies ; il bâtit des liens numériques pour offrir un accès à l’éducation là où les possibilités des infrastructures traditionnelles s’arrêtent.
Laissez-vous guider à travers ce voyage captivant, à travers un reportage photo de Maripasoula aux écarts, en téléchargeant la version numérique du magazine qui a inspiré cet article :
Pour commencer, un peu de contexte
L’Amazonie guyanaise est un territoire vaste et complexe, où les routes cèdent souvent la place aux fleuves comme seuls chemins. Dans cet environnement unique, les communautés autochtones, telles que les Amérindiens et les Businengués, vivent souvent loin des infrastructures urbaines. Pour les jeunes, l’entrée au collège signifie souvent quitter leur foyer dès 11 ans pour poursuivre leur scolarité en internat. Un déracinement qui entraine des conséquences majeures : décrochage scolaire, abandon et même de très nombreux suicides.
Connecter les villages isolés au collège
Face aux réalités complexes du territoire guyanais, le Rectorat de Guyane, sous l’impulsion de son recteur Philippe Dulbecco, s’est engagé dans une démarche de transformation profonde pour garantir un accès à l’enseignement pour tous, y compris les élèves des villages reculés.
Désormais nommé recteur de l’académie de Grenoble, Philippe Dulbecco, alors recteur de Guyane, est une figure clé dans la naissance et le pilotage du projet Guyane connectée, combler les écarts. Sa vision s’inscrit dans un consensus partagé en Guyane : permettre aux élèves de 6ème et 5ème de rester dans leur environnement familial et culturel le plus longtemps possible avant de rejoindre les collèges.
L’ambition est claire : déployer des solutions technologiques innovantes pour amener le collège au cœur des villages isolés. Grâce à une infrastructure satellitaire et l’engagement d’équipes pédagogiques et techniques, des salles de classe connectées sont installées dans les écarts. Ces salles permettent aux élèves de suivre les cours en temps réel, en interaction avec leurs professeurs et camarades du collège référent, comme s’ils y étaient.
Phase pilote : Maripasoula et ses 3 écarts
La phase pilote du projet Guyane connectée, combler les écarts débute en 2023 autour de Maripasoula, en connectant le collège Gran Man Difou à trois villages voisins : Kayodé, Taluen et Antécum Pata. Cette étape permet depuis deux ans de tester le dispositif et de prouver la faisabilité et surtout l’efficacité de l’enseignement hybride en Amazonie.
Partenaires du projet Guyane connectée, combler les écarts
La phase pilote a nécessité l’implication de nombreux partenaires pour surmonter les enjeux complexes du territoire guyanais. Au-delà du Rectorat de Guyane, pilote du projet, la Collectivité Territoriale de Guyane et les municipalités jouent un rôle majeur, notamment pour la logistique et le financement. La SPLANG assure le déploiement des infrastructures numériques dans les zones reculées, et garantissent l’accès à Internet, tandis que MARLINK fournit les services de communication par satellite, essentiels pour la connectivité dans ces zones isolées où les infrastructures terrestres sont absentes.
Le CNES, via son unité structurelle Espace pour la Guyane, a été responsable opérationnel du projet en phase de lancement. EDF assure l’approvisionnement en électricité, indispensable pour le fonctionnement des salles connectées. Les Forces Armées et le RSMA (Régiment du Service Militaire Adapté) apportent un soutien logistique indispensable pour l’accès aux zones isolées et la formation à la maintenance des équipements. Le Groupe SOS Jeunesse accompagne les jeunes, et Kalyzée a conçu le système techno-pédagogique et les dispositifs de visioconférence et AIS installe le matériel dans les salles. Enfin, l’Université d’Aix-Marseille et l’Université de Guyane sont impliquées dans le volet pédagogique, la formation des enseignants et l’adaptation des pratiques à l’enseignement à distance. Des intervenants en Langue Maternelle, des enseignants itinérants et le Réseau Canopé ont complété ce dispositif.
Des solutions adaptées à un territoire complexe et peu d’infrastructures
Les enjeux du territoire sont considérables : la faible densité de population dans des zones où la forêt couvre 90% du territoire, l’isolement géographique qui rend les déplacements longs et coûteux (en pirogue, avion ou hélicoptère), et le manque d’infrastructures modernes.
L’accès à l’eau potable, à l’électricité et à un réseau de communication fiable n’est pas simple dans les écarts. Assurer l’accès à l’eau potable, à l’électricité et à un réseau de communication fiable est un défi quotidien dans les écarts. Le projet Guyane connectée, combler les écarts s’appuie sur des solutions comme les antennes paraboliques pour le réseau, les stations de pompage pour l’eau et les panneaux solaires pour l’électricité, souvent les seules alternatives aux infrastructures traditionnelles absentes. Naviguer sur le Maroni, voie d’accès unique, est également périlleux et impraticable selon les saisons.
Perspectives et déploiement
Fort du succès de cette phase pilote, le projet Guyane connectée, combler les écarts ne s’arrête pas là. Il s’inscrit dans une vision à plus long terme, avec un déploiement progressif sur cinq ans. L’objectif est clair : équiper progressivement tous les villages reculés de Guyane pour offrir l’accès au collège à l’ensemble des collégiens guyanais, même dans les écarts les plus isolés. La salle comodale, imaginée par Kalyzée, a bien évoluée ces deux dernières années. En effet, l’objectif étant de proposer un concept scalable afin de faciliter l’extension du projet à grande échelle.
Guyane connectée, combler les écarts : une inspiration pour l’avenir
Plus qu’un simple projet technologique, Guyane connectée, combler les écarts est une source d’inspiration. Il prouve qu’il est possible de dépasser les contraintes géographiques les plus extrêmes pour garantir un droit fondamental : l’accès à l’éducation. Ce modèle, né des réalités de l’Amazonie guyanaise, ouvre une voie nouvelle qui pourrait bien être adaptée à d’autres régions du monde confrontées à des défis similaires d’isolement.
Pour en savoir plus sur cette initiative fascinante, plongez dans le magazine complet « Au coeur du projet Guyane connectée »