L’éducation, pilier du développement humain, forge l’avenir individuel et sociétal. Cet article aborde la pénurie d’enseignants, défi crucial souligné par l’UNESCO dans « The teachers we need for the education we want », accentuant l’importance du recrutement et de la rétention des enseignants.
Le document souligne une vérité troublante : pour atteindre une éducation primaire et secondaire universelle d’ici 2030, 44 millions d’enseignants supplémentaires sont nécessaires à travers le monde. L’accent est mis sur l’Afrique subsaharienne, une région qui requiert, à elle seule, des millions de nouveaux enseignants. Compte tenu des taux actuels d’attrition et des difficultés de recrutement, l’avenir éducatif des futures générations reste très incertain.
Cependant, le problème ne se limite pas à un seul continent. Des régions comme l’Europe et l’Amérique du Nord, sont également confrontées à des pénuries d’enseignants, principalement dues aux départs à la retraite et au désintérêt croissant pour la profession. Ces variations régionales dans les besoins en enseignants offrent un aperçu de la complexité mondiale de la question.
Le rapport examine de près les facteurs contribuant à cette crise. Des salaires souvent insuffisants, des conditions de travail stressantes, et un manque d’opportunités de développement professionnel sont parmi les principales causes d’attrition et de difficultés de recrutement. Ces problèmes, exacerbés par les tendances démographiques et les politiques éducatives, créent un cercle vicieux difficile à briser.
Le rapport de l’UNESCO démontre des différences régionales face à la pénurie d’enseignants.
En Afrique Subsaharienne, le besoin est de 15 millions d’enseignants supplémentaires d’ici 2030, soit un tiers du besoin global. Cette exigence importante est due à la croissance rapide de la population scolaire, conjuguée à des taux élevés d’attrition et de départs à la retraite parmi les enseignants actuels. Cette situation est exacerbée par des ressources limitées et des défis en matière d’infrastructure éducative, rendant ainsi le recrutement et la rétention d’enseignants qualifiés particulièrement difficiles.
En Europe et Amérique du Nord, la retraite et le désintérêt pour la profession nécessitent le recrutement de 4,8 millions d’enseignants. En Asie de l’Est et du Sud, des efforts accrus sont nécessaires, malgré des projections plus réalisables. En Amérique Latine et dans les Caraïbes, 3,2 millions d’enseignants supplémentaires sont requis.
Le rapport détaille particulièrement le phénomène d’attrition, c’est à dire la diminution naturelle d’une quantité de choses ou de personnes. Par exemple : attrition des effectifs du personnel, diminution des effectifs due aux départs en retraite, aux décès, etc.
En Afrique subsaharienne, la majorité des enseignants nécessaires doivent occuper de nouveaux postes. En Europe et en Amérique du Nord, ils sont principalement requis pour remplacer ceux partis à cause de l’attrition. Les lacunes en termes d’enseignants résultent donc de la nécessité de pourvoir à de nouveaux postes et de remplacer ceux vacants en raison de l’attrition.
En Afrique subsaharienne, 62 % du déficit d’enseignants est attribué à la création de nouveaux postes. En effet, 9,4 millions d’enseignants sont nécessaires d’ici 2030 pour combler la croissance démographique importante de la région.
En revanche, en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique Latine, une grande partie des besoins en enseignants est liée à l‘attrition anticipée. Les postes vacants sont en fait grandement liés au remplacement des enseignants et non à la création de nouveaux postes.
Chiffres clés sur le nombre d’enseignants nécessaires globalement / Comparaison entre les besoins dans l’éducation primaire et secondaire.
Le rapport de l’UNESCO étudie le nombre d’enseignants qui quittent leur fonction sur une année donnée. Les départs peuvent être dus à un départ à la retraite, des questions de santé, obligations familiales ou encore un nouvel emploi dans une autre branche.
Le taux d’attrition est très variable en fonction des régions, mais globalement le taux est passé de 4,6% en 2015 à 9,1% en 2022 dans les écoles primaires, constat très alarmant. Bien que les données ne puissent pas démontrer un taux d’attrition plus ou moins élevé par pays en fonction d’un revenu, le rapport met en évidence un taux d’attrition plus élevé dans les professions et les matières les plus hautement qualifiantes. En effet, les enseignants qualifiés ont moins de mal à se reconvertir professionnellement. Un constat alarmant pour les générations futures, qui auront, si ça continue, des enseignants de moins en moins qualifiés.
L’attrition dans le secteur de l’enseignement est principalement influencée par des conditions de travail difficiles, un manque de soutien institutionnel, et des rémunérations souvent jugées insuffisantes. L‘absence d’opportunités de développement professionnel et de perspectives de carrière peut engendrer un sentiment de stagnation. De plus, un climat scolaire difficile, marqué par des problèmes de discipline, ainsi que les pressions découlant des réformes éducatives fréquentes, exacerbent le sentiment d’insatisfaction.
La distinction entre l’éducation primaire et secondaire est significative. L’éducation secondaire nécessite plus d’enseignants que le primaire, avec une proportion mondiale de 7 recrues sur 10 pour le secondaire.
Alors que le primaire a longtemps été la priorité, on constate désormais un besoin croissant d’enseignants dans le secondaire. Cette évolution reflète un changement dans les priorités éducatives mondiales, où l’accent est mis sur une éducation plus approfondie et spécialisée.
L’attrition élevée des enseignants a des conséquences significatives sur la qualité de l’éducation. Les chiffres montrent que de nombreux enseignants quittent leur poste, ce qui entraîne une discontinuité dans l’enseignement. En conséquence, les élèves peuvent souffrir d’une qualité d’enseignement inégale, ce qui se traduit par des résultats scolaires moins performants.
En plus de cela, l’attrition des enseignants peut entraîner une augmentation du nombre d’élèves par classe, car il peut être difficile de trouver rapidement des remplaçants. Cela signifie que les enseignants ont moins de temps à consacrer à chaque élève, réduisant ainsi les opportunités d’apprentissage individuel.
Cette situation a un impact sur la rétention des élèves, car ils sont plus susceptibles de quitter l’école si l’enseignement est de mauvaise qualité ou s’ils n’ont pas de relations continues avec leurs enseignants. De plus, les performances des élèves aux examens sont affectées négativement par l’attrition des enseignants.
Enfin, l’attrition élevée des enseignants conduit souvent à une faible motivation et un engagement réduit de la part des enseignants restants, en raison de conditions de travail difficiles, de salaires insuffisants et d’un manque de soutien.
–
Face à la pénurie d’enseignants soulignée par le rapport de l’UNESCO, il est impératif d’adopter des stratégies visant à réduire l’attrition des enseignants. Cela nécessite une approche multi-facette, incluant l’amélioration des conditions de travail, une rémunération plus juste, et un soutien accru au développement professionnel. En valorisant la profession enseignante et en reconnaissant sa contribution essentielle au développement de la société, il est possible de créer un environnement plus attrayant pour les enseignants actuels et potentiels. De plus, en mettant l’accent sur des politiques qui favorisent la rétention, comme des opportunités de carrière diversifiées et enrichissantes, on peut inverser la tendance à la démission et encourager une plus grande stabilité dans le corps enseignant.
Parallèlement, l’évolution vers de nouvelles méthodes d’enseignement, en particulier l’intégration du numérique, offre une voie prometteuse pour pallier la pénurie d’enseignants et améliorer l’accès à l’éducation pour tous. L’adoption de classes virtuelles et d’autres technologies éducatives peut transformer l’apprentissage, rendant l’éducation plus flexible, accessible et inclusive. Cette transition vers un modèle d’enseignement hybride nécessite cependant un investissement significatif dans la formation des enseignants et l’infrastructure technologique, ainsi qu’une réflexion sur les meilleures pratiques pédagogiques à adopter dans ce nouveau paradigme.